Juliette DARLE née CAFIOU poétesse de renom originaire de Saligny-le-Vif

Personnalité reconnue au 20ième siècle dans l’art poétique, Juliette DARLE évoquera au long de sa vie des origines creusoises antérieures à la révolution de 1789, et manifestera son attachement au sancerrois de son adolescence et de ses débuts d’enseignante.

Etonnamment, les premières années de son enfance à Saligny-le-Vif, lieu d’ancrage de ses aïeux depuis 1785 (à la 5ième génération qui la précède Antoine CAFIOU maçon s’y marie) seront une parenthèse sur laquelle elle ne se livrera jamais.

Et pourtant,
- elle y est née le 9 septembre 1921 de Fernand CAFIOU et Léonie LECROT inhumés dans le cimetière communal (carré 001- tombe 0084) après leurs décès en sancerrois en 1976 et 1983,
- elle sera élevée par ses grands-parents et fréquentera l’école publique de filles de la route de Baugy comme il nous l’est relaté dans le récit que de Papa Jean paysan Berrichon a confié en 1945 à une autre de ses petites filles, Marie CARTIER (une cousine cadette de Juliette de quelques mois).

La petite enfance de Juliette CAFIOU à Saligny-le-Vif est évoquée au long des pages 173 à 182 du livre et la relation qui en est faite témoigne d’une précocité intellectuelle évidente et hors de l’ordinaire dès le début de son parcours scolaire.
Durant ces 2 années à la communale, elle aura pour institutrices à la rentrée 1926 une jeune institutrice stagiaire de 19 ans Germaine GARNIER et à la rentrée 1927 Madame RODON Anne née GUELFUCCI dont le mari était en poste à l’école de garçons (ce couple originaire de l’Allier résidait à l’école de filles de la route de Baugy et restera en fonction 4 ans sur la commune).

La suite immédiate de son instruction primaire se déroulera à Azy et plus tard, élève douée du cours complémentaire de filles de Sancerre, Juliette entre à l’Ecole normale d’institutrices de Bourges en 1937 (seconde place au concours).

Elle enseignera à Sancerre au cours complémentaire de garçons, puis jusqu'en 1948 au collège d’Aubigny-sur-Nère. La jeune institutrice berrichonne va ensuite  poursuivre ses études à La Sorbonne et elle fait des débuts fulgurants dans les cercles littéraires parisiens.

Elle a épousé un creusois André DARLE (MICOUREAU) rencontré à Paris avec qui elle formera un couple fusionnel pendant plus de soixante ans. Grâce aux relations de son mari, elle rencontre de grands écrivains et artistes. Louis ARAGON lui consacre des articles élogieux, Paul ELUARD et Blaise CENDRARS l’encouragent. Ses premiers poèmes sont publiés dans les revues animées par les intellectuels communistes. En 1955, Louis ARAGON l’introduit au journal l’Humanité, où elle restera jusqu’en 1980

Juliette DARLE se plaît dans la fréquentation des peintres, des sculpteurs et des photographes. Elle leur consacre des articles et leur dédie des poèmes. En 1957, c’est le succès avec la publication « Léonard et la machine volante », un livre pour les enfants.

En novembre 1963, elle fonde, Le Groupe des Neuf, un collectif pour la défense de la sculpture figurative. Soucieuse de rendre la poésie accessible à tous, à partir des années 70, elle invente le concept de poésie murale.
En 1977, elle réalise l'opération « Poètes dans le métro de Paris », une exposition de 40 poèmes, de René CHAR à Jean COCTEAU.
En 1979, elle fonde le festival d'Aubigny-sur-Nère où ARAGON donne en 1982 une lecture du Crève-Cœur. Avec son mari André, elle crée le prix Tristan Tzara qui récompensera notamment, en 1992, Michel HOUELLEBECQ. Ils dirigeront ensemble le magazine « Le temps des poètes ».

Passionaria de la poésie, Juliette est unanimement appréciée pour la richesse et la force de son expression et « un don de soi poétique poussé à l’extrême ».
Convaincue que le chant a porté la parole, elle réalisera aussi de nombreux récitals de poésie accompagnée de guitaristes comme Alain BUCI et parcourt la France avec Serge REGGIANI (pendant 2 ans), Catherine SAUVAGE, Christine SEVRES, Germaine MONTERO, Léo FERRE, Jean FERRAT…

En 2003, à la médiathèque de Bourges Juliette DARLE lance son Manifeste pour un vibrato majeur, « une brûlante protestation contre les trémolos obscènes et l'absurdité du monde ».

En mars 2010, à Méasnes, dans la Creuse, elle préside avec André DARLE Le Printemps des poètes.

Le 16 mars 2013, au terme d’une vie consacrée à la poésie, s’éteint à Paris à l’âge de 92 ans celle qui assignait à l’art poétique « la plus haute fonction culturelle et émancipatrice ».

En 2018, dans le cadre de l’exposition « Juliette et André DARLE, amitiés artistiques », au musée de la vallée de la Creuse à Eguzon le Trophée Juliette Darle de la chanson est créé. Le premier lauréat en a été Gauvain SERS.

Juliette DARLE fut très prolifique, des milliers de poèmes étant encore non publiés au moment de sa disparition. Voici une liste non exhaustive pour ceux qui voudraient s’intéresser à son œuvre.
• Feu de chèvrefeuille, illustrations de Jean Amblard, Paris, Pierre Seghers, 1951
• La Rose des sables, dessins de Jean Amblard, Paris, Pierre Seghers, 1952
• Le Chant des oliviers, dessins de Pablo Picasso, Éditions Caractères, 1956
• Je t'aime, dessins d'André Minaux, Paris, Caractères, 1955
• Beaux desperados, dessins de Michel de Gallard, Paris, Librairie les Lettres, 1956
• Léonard et la machine volante, dessins de Michel de Gallard, Paris, Éditions la farandole,1957
• Le Chemin de la mer, dessins de Marcel Roche, Paris, J. Millas-Martin, 1958
• Le Combat solitaire, dessins de René Aberlenc, Paris, J. Grassin, 1961
• J'ai trop aimé la solitude, dessins de René Aberlenc, René Babin, Jean Carton, Raymond Corbin…, Paris : J. Grassin, 1964
• Château de Saint-Ouen… 20 peintres d'aujourd'hui, texte de Jean-Pierre Chabrol et Juliette Darle, du 12 mai au 25 juin, Saint-Ouen, 1967
• À Pablo Picasso, Paris, Cercle Art et Poésie, 1968 • Aspects de la gravure contemporaine : Dunoyer de Segonzac, Gromaire, Picasso, Bersier…, texte de Juliette Darle, Brest, Palais des arts et de la culture, 1971
• Poésie murale… (21 juin-15 octobre), catalogue et anthologie poétique réalisés par Juliette et André Darle, Brest, Palais des arts et de la culture, 1972
• Poésie murale…(5 mai-17 juin), anthologie réalisée par Juliette et André Darle, Rueil-Malmaison, centre culturel Edmond-Rostand, 1973
• Les poètes au château… (exposition de poésie murale), une initiative de Juliette Darle et Alain Bosquet ; sous la présidence de Michel Cointat, Fougères, 1978
• Poètes dans la cité, une initiative de Juliette Darle et Alain Bosquet, La Courneuve, centre culturel J. Houdremont,1978
• Poètes en Sologne, festival de poésie murale, Aubigny-sur-Nère, une initiative de Juliette Darle et Alain Bosquet, château des Stuarts ; Paris, association Poésie murale, 1978
• Poètes à Nevers, une initiative de Juliette Darle et Alain Bosquet, Nevers, maison de la culture, 1979
• Poètes en Sologne II, festival de poésie murale, Aubigny-sur-Nère, une initiative de Juliette Darle et Alain Bosquet, château des Stuarts ; Paris, association Poésie murale, 1979
• Poètes à Meaux, festival de poésie murale, Meaux, une initiative de Juliette Darle et Alain Bosquet, musée Bossuet ; Paris, association Poésie murale, 1979
• Poètes en Sologne III, festival de poésie murale, Aubigny-sur-Nère, une initiative de Juliette Darle et Alain Bosquet, association Poésie murale, 1980
• Poètes au bord de la Seine, une initiative de Juliette Darle et Alain Bosquet, Le Pecq : centre André Malraux, 1980
• Sterne des solitudes, sérigraphies originales de Patrice Pouperon, Paris, Les Bibliophiles de France, 1981
• Arbre haute mémoire. Poème pour un cinquantenaire, dessins-collages de Sarah Wiame, 1995
• Résurgences, illustrations de Sarah Wiame, Paris, Céphéides, 1997
• Miroirs de Crozant, autour de l'exposition photographique, texte de Juliette Darle, Crozant demain, 1999
• Figures d'avant l'aube, illustrations Sarah Wiame, Céphéides, 1999

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