Niveau de l’instruction primaire et démographie avant l’ouverture de l’école publique

Aux prémices de la loi Duruy de 1867, pionnière pour l’enseignement primaire et annonciatrice des célèbres lois Ferry de 1881 et 1882, une statistique officielle du ministère classe en avril 1865 le département du Cher au 81ième rang (sur 86) pour le niveau de diffusion de l’instruction primaire (Bas-Rhin au premier rang, Finistère en dernière position). Le taux d’illettrisme (ne sachant lire, écrire et signer son nom) y est estimé à 65 %.

Le Cher est alors inclus dans la circonscription académique de Paris avec huit autres départements mais il en est très décroché au niveau de l’instruction. Les autres sont dans l’ordre :

. la Seine (au rang 5 – taux d’illettrisme 9%)

. la Marne (au rang 15)

. la Seine-et-Oise (au rang 16)

. la Seine-et-Marne (au rang 19)

. l’Oise (au rang 21)

. l’Eure-et-Loir (au rang 24

. le Loiret ( au rang 35 – taux d’illettrisme 38%)

. le Loir-et-Cher (au rang 53 -taux d’illettrisme 47%)


Au recensement de 1866, le franchissement du seuil de population de 500 habitants qui depuis la loi Guizot de 1833 impose aux communes l'obligation d'avoir une école sur leur territoire est confirmé avec 515 habitants recensés (la population atteindra un maximum de 537 en 1876 pour chuter à 386 en 1901)


En 1866, 30% de la population a moins de 13 ans, avec une soixantaine d’enfants d’un âge compris entre 4 et 9 ans (l’ordre de grandeur de l’effectif potentiellement scolarisable à l’horizon 1869 nonobstant les dècès en bas âge encore significatifs à l’époque).


La répartition de la population sur la commune est alors sensiblement comparable à celle du recensement de 1861, la mobilité des actifs étant encore très faible.

 225 personnes contre 220 résident sur le secteur agglomérant le Bourg (implanté au carrefour des routes de Baugy, de Villequiers, de Nérondes via Laverdines et Bengy), Corgy, Le Beugnon, Lustembourg, Les Combes et La Ferme.

 151 personnes contre 154 résident sur le secteur agglomérant Vizy (village au croisement de voies conduisant vers Nérondes, Bengy et Avord), La Loge, Le Petit Nuisement et le Grand Nuisement.

 98 personnes résident aux Essarts (sans variation à 5 ans d’intervalle).

 41 personnes résident au Gour(d) assimilé à un hameau contre 43.


Ces 515 habitants se répartissent en 1861 au sein d’environ 200 ménages dans près de 110 habitations.

70% des chefs de ménage sont des journaliers ou des ouvriers agricoles.

16% sont des exploitants de leurs propres terres sachant que plus de 60% du territoire communal (900ha environ) est constitutif de quelques grands domaines pour parties patrimoine et sources importantes de revenus de notables qui n’y résident pas et qui n’ont rien perdu de privilèges acquis de très longue date (les 204 ha du plus grand domaine de Saligny-le-Vif sont par exemple en possession d’une famille seconde fortune du département se partageant entre ses châteaux ou manoirs et son hôtel à Bourges).

13% sont des fermiers ou des métayers


C’est surtout dans ces 2 dernières fractions de la population communale que vont se trouver les personnes les plus sensibilisées à une amélioration de la condition paysanne par une plus grande diffusion de l’instruction, mais aussi les plus promptes ou les plus vindicatives dans un engagement à jouer un rôle « politique ». C’est ainsi que si à peine 20% des habitants de Saligny-le-Vif résident aux Essarts ; c’est ce hameau qui va fournir le plus gros contingent de maires. Cela n’a rien du hasard.


Dans la foulée d’un réveil rural qui a commencé à prendre forme en 1848 (pendant 60 ans les effets de la révolution de 1789 ne se sont guère concrétisés sur la vie des plus humbles en Septaine), il va résulter de la situation démographique et de la typologie de la population une relation quelque peu mouvementée jusqu’en 1905 entre les élus municipaux et un clergé très lié aux « grands possédants à particules ».

Il vaudra quelques épisodes « savoureux » sur lesquels j’aurais l’occasion de revenir tant jusque dans la décennie 1950, des traces indélébiles faisaient encore de Saligny-le-Vif une commune singulière par rapport à ses voisines.


Ce contexte que vivront les premiers hussards de la république en charge de l’instruction publique primaire à partir de 1869, ne favorisera pas jusqu’à la rentrée de 1881 (2 écoles communales avec logements dédiés) une continuité de présence des enseignants.

Ils seront 10 (7 hommes – 3 femmes) à remplir la fonction pendant les 13 premières années de la communale (c’est à quelques-unes de ces personnes que Jean CAFIOU fait référence dans son récit quand il aborde son passage sur les bancs de l’école).


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