Edme GUNET le premier maire de l’an I de la Première République

De l’effondrement de la royauté à l’instauration de la république, s’est mise progressivement en place une nouvelle hiérarchisation des pouvoirs locaux dont l’historique est assez complexe. Cet article est une contribution à un décryptage de cette période tourmentée vue à travers les premiers pas de l’administration communale de Saligny-le-Vif.

En réponse à l’insurrection du 14 juillet 1789 et une vague de révolte dans les campagnes, l’Assemblée nationale constituante abolit la nuit du 4 août tous les droits et privilèges féodaux ainsi que tous les privilèges des provinces, des villes et des corporations.

Cette décision consacre l’unité administrative du royaume et le 14 décembre 1789, la loi unifie le statut des communes qui deviennent la cellule administrative de base avec une délimitation largement reprise de celle des 44 000 paroisses constituées dès le Moyen Age.

En application de la Constitution de septembre 1791 acceptée par le roi et établie dans la continuité de la Déclaration des Droits de l’homme de 1789, et avant la remise en cause de 1795, Saligny-le-Vif se dote d’un conseil municipal et c’est à cette échelon communal que les premiers agent(s) public(s) et maire seront désignés

L’abolition de la royauté est proclamée le 21 septembre 1792. La Première République naît et la Convention décide alors de dater les actes officiels non de l'an IV de la Liberté mais de l'an l de la République. L’an I du calendrier républicain a donc commencé le 22 septembre 1792 pour se terminer le 21 septembre 1793, alors qu’il n’entre totalement en vigueur qu’à partir du 6 octobre 1793 (15 Vendémiaire de l’an II), au lendemain de la date du décret l’instituant.

A Saligny-le-Vif, la bascule entre les 2 mentions an IV de la Liberté et an I de la République est effective dès septembre 1792, date à laquelle les registres d’état civil suppléent les registres paroissiaux (quelques jours plus tôt, le curé a même associé à an IV de la Liberté le terme an I de l’Egalité !). L’évolution se matérialise aux registres sous l’écriture du curé Léonard DELABARDIERE (curé de Saligny-le-Vif et vicaire d’Aubigny) qui, le 2 décembre suivant, va être habilité par le conseil communal à enregistrer les actes d’état civil comme un agent public (était ce un citoyen curé « engagé en république » comme il y en a eu quelques-uns dans le Cher ?). C’est ainsi que l’on découvre transcrit par le même curé à la date du 16 décembre1792 (cf. page 145 de l’archive numérisée) le nom du premier maire de Saligny-le-Vif élu lui aussi le 2 décembre 1792 (cf. page 158).

Il s’agit de Edme GUNET né le 7 mai 1751 à Laverdines de Jean GUNET cabaretier marié en secondes noces à Jeanne CHARTIER qui est décédée à Laverdines le 18 octobre 1754. Son père est décédé à Saligny-le-Vif le 22 avril 1778, veuf en quatrième noces de Eugénie MORDURIER qu’il a épousée à Saligny-le-Vif le 28 janvier 1766.

Edme GUNET laboureur, décèdera à Saligny-le-Vif (plus précisément à Vizy) le 18 janvier 1798 (29 Nivôse de l’an VI) après avoir eu 6 enfants tous nés sur la commune : 2 de Anne JOB épousée à Nérondes le 28 janvier 1772 et 4 de Anne RANVIER épousée à Saligny-le-Vif le 20 février 1781. Son acte de décès sera enregistré par Pierre Alexandre PRIVAT officier d'état civil nommé en 1795..

Pendant toute l’année 1793, Edme GUNET ne rédige aucun acte de sa main. Les actes sont rédigés jusqu’en octobre par le curé DELABARDIERE et c’est à partir du premier jour de la seconde décade de l’an II (octobre 1793) que les mois du calendrier républicain deviennent aux registres la référence temporelle. Le curé DELABARDIERE va continuer à écrire sur les registres mais ne les signe plus comme un officier public, le paraphe étant alors celui de Edme GUNET. Cette rupture correspond à l’application du décret du 15 Vendémiaire de l’an Ii déjà cité, et la configuration va demeurer jusqu’à la désignation le 3 Ventôse de l’an II (21 février 1794) de Jean-Louis dit Louis MANDROUC comme officier public.

Edme GUNET conserve sa qualité de maire (un paraphe en cette qualité en juin 1795) mais excentré par rapport au bourg, et probablement limité dans ses capacités à lire et écrire, c’est Louis MANDROUX qui assume alors la responsabilité des enregistrements de l’état civil.

Cette situation se maintient jusqu’à ce que soit substituée à la Constitution de1793 la Constitution du 5 Fructidor an III (22 août 1795) qui sera de fait la constitution de la Première République française. Elle est promulguée le 22 septembre 1795 et entre en vigueur en Brumaire an IV.

Elle fait évoluer le processus de désignation du maire. Alors que quelle que soit leur taille les communes avaient autorité pour désigner un maire, celles de moins de 5000 habitants ne forment plus une municipalité. Elles ont seulement pouvoir d’élire un agent municipal et un adjoint, dont la réunion au niveau du canton forme une municipalité. Ces agents et adjoints seront placés jusqu’en 1800 sous l’autorité des présidents des municipalités cantonales en l’occurrence Villequiers pour Saligny-le-Vif (Villequiers sera substituée à Baugy comme canton pour quelques années).

Il semble peu probable que le maire ayant pu succéder à Edme GUNET soit Louis MANDROUX originaire de Berry-sous-Villequiers (Villequiers) où il est né le 28 décembre 1767 (il décédera à Baugy en juin 1822). Si la présence sporadique de son paraphe en bas d’actes écrits et enregistrés essentiellement par Pierre Alexandre PRIVAT peut laisser envisager une telle hypothèse, elle ne paraît pas conforme à l’évolution des lois. Je n’ai d’ailleurs pas trouvé pour l’instant jusqu’à juin 1800 de trace associant dans un même acte à Louis MANDROUX une autre mention que celle d’agent municipal.

A l’inverse, Pierre Alexandre PRIVAT désigné officier public en 1795 et qui va être un citoyen impliqué pendant 33 ans dans l’administration communale de Saligny-le-Vif parait être dans la chronologie le second maire nommé en 1800 dans un nouveau contexte. La Constitution du 22 Frimaire de l'an VIII (3 décembre 1799) désigne le Préfet comme l’autorité habilitée à nommer les maires pour les communes de moins de 5 000 habitants (le Premier Consul de la République pour les autres) et par la loi du 28 Pluviôse de l'an VIII (17 février 1800), l’appellation de maire revient pour remplacer celle d’agent municipal. A Saligny-le-Vif, la mention de maire réapparait dans les registres d’état civil le 3 Messidor an VIII (22 juin 1800) associée au paraphe de Pierre Alexandre PRIVAT alors âgé de 47 ans qui va assumer un premier mandat pendant quelques semaines seulement (c’est une personne sur laquelle je reviendrai dans un autre article).

Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

Bienvenue sur ce blog

1948 - Paul ARNAULT et ses premiers élèves

Les années marquantes de la vie des écoles